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TD électrophysiologie - réponses
enseignement 2000 / 2001
etienne.roux@u-bordeaux2.fr


Les réponses proposées ici concernent les questions étudiées lors des TD l'électrophysiologie de l'UE 3 (Physiologie Cellulaire et Moléculaire) de a maîtrise BCP. Leur but est d'aider l'étudiant à mieux comprendre la manière dont peuvent être abordés des problèmes étudiés lors du TD. Elles ne constituent pas des "réponses-à-apprendre", et ne se substituent pas à ce qui a été présenté et dit lors de la séance de TD, qui est la référence.

sommaire des questions

pour en savoir plus :
C. Dammond & D. Tritsch. Neurobiologie cellulaire, Doin, Paris, 1990.
pour en savoir beauxcoup plus :
L. J. DeFelice. Electrical properties of cells, Plenum Press, New York, 1997.


 Les différentes configurations de patch clamp - réponse 
sommaire


cellule " attachée " (cell-attached patch)

Dans cette configuration, on mesure le courant entre la pipette et l’électrode de résistance. Les variations de résistance correspondent à l’ouverture des canaux " patchés "*. Si un seul canal est ouvert à la fois, on enregistre alors un courant unitaire.

avantage : la cellule est intacte. Ceci permet d’étudier des canaux dont le fonctionnement nécessite l’environnement intracellulaire (par exemple les récepteurs liés aux protéines G).

inconvénient : la composition ionique de la cellule et le potentiel transmembranaire sont mal définis. En effet, la valeur du potentiel dépend de Vi (potentiel intracellulaire), qui n’est pas connu avec précision. Sur une cellule suffisamment grande (ex: oocyte de Xenopes), on peut éventuellement imposer un potentiel à l’aide de deux électrodes (en plus de l’électrode de patch). On peut également dépolariser la cellule en utilisant une solution extracellulaire hyperpotassique.
 

*Dans cette configuration, la résistance de la cellule hors patch et celle de la portion de membrane dans le patch sont des résistances en série. La résistance totale, dont dépend l’intensité du courant mesuré entre les deux électrodes, correspond donc à la somme de ces deux résitances. Mais comme on peut négliger la résistance de la cellule par rapport à celle du patch, cette résistance est en pratique celle de la portion de membrane patchée.

cellule entière (whole cell clamp)

Le milieu intrapipette dialyse rapidement l’intérieur de la cellule, le volume de la pipette étant de beaucoup supérieur à celui de la cellule ; les milieux ioniques sont donc connus. Le potentiel membranaire est connu. Le courant mesuré est un courant global, somme de ceux qui passent par tous les canaux ouverts de la cellule. On peut enregistrer le courant global d’un seul type de canaux, en bloquant l’ouverture des canaux d’autres types.

avantage : les milieux intra- et extracellulaire sont connus, de même que le potentiel de membrane.

inconvénient : on n’enregistre pas de courant unitaire ; on ne peut donc pas déterminer la conductance du canal étudié. La dialyse du milieu intracellulaire entraîne une perte progressive des constituants intracellulaires.
 
 

patch excisé (excised patch) :

On étudie le ou les canaux présents dans un fragment de membrane séparé de la cellule. On peut étudier la fonctionnement d'un canal unique.

avantage : on contrôle la composition ionique intra-et extracellulaire, ainsi que la différence de potentiel appliquée de part et d’autre du fragment de membrane.

inconvénient : ne permet pas d’étudier les canaux dont le fonctionnement nécessite la présence de constituants intracellulaires.
 
 

configuration inside-out : la face extracellulaire est située à l’intérieur de la pipette. On l’obtient à partir de la configuration attachée à la cellule. On l’utilise lorsque l’on veut changer rapidement la composition du milieu intracellulaire (= extrapipette).

configuration outside-out : la face extracellulaire est située à l’extérieur de la pipette. On l’obtient à partir de la configuration cellule entière. C’est la plus difficile à obtenir. On l’utilise lorsqu’on veut changer la composition du milieu extracellulaire (= extrapipette)


étude électrophysiologique de canaux ioniques dépendants du potentiel par la technique du patch clamp - réponse 
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Qu’est-ce qui permet de dire que le canal étudié est un canal dépendant du potentiel (voltage-dependent) ?

Plus on dépolarise, plus le canal est ouvert souvent. À –135 mV, le canal est quasiment toujours fermé (on observe sur la trace uniquement deux évènements d’ouverture du canal, très brefs) ; à –55 mV, il est presque toujours ouvert.

D’autre part, on observe, lorsque que le canal est ouvert, une diminution d’amplitude du courant unitaire. Cela est dû au fait que plus on dépolarise, plus le potentiel de membrane (Vm) se rapproche du potentiel d’équilibre de l’ion responsable du courant. Ceci n’est pas spécifique des canaux dépendants du potentiel (= dont l’ouverture dépend du potentiel de membrane) et s’explique par la loi d’Ohm.


caractérisation d’un canal ionique par la méthode du patch clamp, canal isolé en configuration inside-out. - réponse 
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Ces concentrations en Na+ et en K+ sont-elles proches des concentrations physiologiques ?

En configuration inside-out, le milieu extrapipette correspond au milieu intracellulaire, la partie extrapipette au milieu intracellulaire. Les concentrations ioniques sont proches des concentrations physiologiques.

Composition moyenne des milieux extra- et intracellulaire de Vertébrés :
 
Milieu Na+ K+ Cl- Ca2+
Extracellulaire (mM) 14 3 150 1
Intracelllaire (mM) 14 160 14 10-4

 

calculer les potentiels d’équilibre pour chaque ion.

On utilise l’équation de Nernst, qui définit la différence de potentiel pour laquelle les gradients électrique et chimique s’annulent :

Ei – Ee = - (RT/zF)ln ([Xz]i/[Xz]e)

pour une température de 29°C,

Ei – Ee = - (60/z)log ([Xz]i/[Xz]e) (mV).

D’où :

ENa = 60 mM EK = -87 mV









réalisation de sauts de potentiel d’amplitude et de durée variables, à partir d’un potentiel de maintien (VH = holding potential)

Tracer la courbe i = f(V).

Déterminer le potentiel d’inversion du courant. Comparer au potentiel d’équilibre des ions Na+ et en K+. Que peut-on en conclure sur la nature du courant étudié ?

Le potentiel d’inversion est de 53 mV. Il est proche du potentiel d’inversion de l’ion Na+ ; le courant est donc principalement dû au mouvement d’ion Na+. Le canal étudié est un canal sodique.

À partir de la courbe iV, déterminer la conductance (gNa) du canal étudié.

L’intensité du courant dépend de la conductance du canal et de la force électrochimique appliquée selon la loi d’Ohm
U = R x I
(la conductance g, exprimée en Siemens (S) étant égale à l’inverse de la résistance R).

La force électromotrice correspond à la différence entre le potentiel membranaire Em et le potentiel d'inversion Einv.

g (Em - Einv) = i  = g Em - g Einv

g correspond à la pente de la droite i= f(V) ici, g = 20 pS.


 Modification des concentrations ioniques - réponse
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tracer la courbe i = f (V).

Déterminer le potentiel d’inversion. Que peut-on en conclure sur la spécificité du canal étudié ?

Les concentrations intra- et extrapipette en Na+ étant égales, la droite iV doit passer par 0, si le canal ne laisse passer que le sodium. Or, la droite ne passe pas par 0 et est légèrement décalée vers EK ; le canal est donc légèrement perméable au K+.

Calculer le rapport des conductances au Na+ et au K+ (gNa/gK).

Le courant total passant par le canal est égal à la somme des courants sodique et potassique.

i = iNa + iK = gNa(Vm – ENa) + gK(Vm – EK)
 

Au potentiel d’inversion Vm, i = o. D’où :

gNa(ENa - Vinv) = gK(Vinv-EK)

gNa / gK = (Vinv-EK) / (ENa - Vinv)

gNa / gK = 19

La conductance du canal – déjà calculée précédemment – étant égale à 20 pS, on a :
gNa + gK = 20 pS d'où 19gK + gK = 20 pS
 gK = 1 pS    gNa = 19 pS


effet de la pronase - réponse 
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Quel est l’effet de la pronase sur le courant unitaire Na+ ?

Sur les 3 tracés de la figure A, en absence de pronase, on voit qu’après sur phase d’ouverture du canal, il reste à l’état fermé alors que la dépolarisation est maintenue. Cela correspond à un état inactivé, au cours duquel le canal ne se rouvre pas malgré le maintien de la dépolarisation.

Sur les traces B, on voit que la pronase ne modifie pas l’amplitude du courant unitaire. Par contre, le canal garde sa capacité à s’ouvrir sur toute la durée de la dépolarisation. La pronase supprime donc la capacité du canal à s’inactiver.

Pourquoi détermine-t-on la probabilité d’ouverture à l’état stationnaire en présence de pronase ?

La probabilité d’ouverture du canal po correspond aux nombre de canaux ouverts sur le nombre de canaux à l’état ouvert et à l’état fermé.

po = [O]/([O] + [F])

En pratique, on détermine la probabilité d’ouverture du canal en mesurant la durée cumulée durant laquelle le canal est ouvert sur la durée totale de la dépolarisation. Cela suppose que le canal ne puisse être que dans l’état ouvert ou fermé, et non dans un état inactivé.

Pour les canaux dépendants du potentiel, comme le courant Na+ étudié, la courbe po = f(Vm) décrit une sigmoïde. Cette courbe sigmoïde définit les caractéristiques de la dépendance vis-à-vis du potentiel.

Il est à noter que les canaux cationiques dont l'ouverture dépend du potentiel sont évolutivement et structurellement reliés. Un canal est formé de quatre sous-unités comprenant chacune 6 domaines transmembraires.

Les propriétés d'inactivation dépendent de la présence d'un domaine de 19 acides aminés sur l'extrémité amino-terminale de chaque sous-unité.

Pour en savoir plus : Molecular Biology of the Cell. Alberts et al, Garlang Publishing Inc. Chap. 11

disponible à la BU de l'Université en traduction française
accessible par chapitre  sur PubMed (ouverture dans une nouvelle fenêtre)

courant global et courant unitaire - réponse 
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Comment expliquer l’aspect du courant global en fonction des caractéristiques du courant unitaire ?

Le courant global s’explique par la sommation des courants individuels. L’ensemble des canaux ne s’ouvrent pas et ne se ferment pas en même temps, ce qui explique l’aspect " lissé " de la courbe globale par rapport à l’aspect " en carré " des courants unitaires. Le point d’amplitude maximale du courant correspond au moment où le plus grand nombre de canaux sont dans l’état ouvert. Le retour progressif à un courant nul est dû à l’inactivation progressive des canaux.

Pourquoi les expériences ont-elles été effectuées en présence de TEA ?

L’enregistrement du courant global correspond à l’enregistrement de l’ensemble des courants passant par les différents types de canaux ioniques, principalement les courants de sodium et de potassium. Le TEA bloque les canaux K+, ce qui permet de n’enregistrer que le courant Na+.


 Construction d’une courbe IV en configuration cellule entière - réponse 
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Tracer la courbe IV.

Déterminer le potentiel d’inversion. Le comparer au potentiel d’équilibre des ions Na+ et K+. Que peut-on en déduire sur la nature du courant ?

Le potentiel d’inversion est égal à –60 mV.

Les potentiels d’équilibre des ions Na+ et K+ sont les suivants, déterminés par l’équation de Nernst :

ENa = 60 mM EK = -87 mV

Le potentiel d’inversion Vm est égal au potentiel d’équilibre du Na+. Il s’agit donc d’un courant de sodium.


 canaux ioniques non dépendants du potentiel - réponse 
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exemples de types de canaux ne dépendants pas du potentiel : citer un exemple de ce types de canaux.

Le récepteur nicotinique est un exemple-type de ce types de canaux, dont l'ouverture dépend de la liaison à un agoniste. Les principaux canaux de ce type sont donnés dans le tableau suivant :
 
 

type de canal effet
canaux cationiques activés par l'ACh excitateur
canaux cationiques activés par la 5-HT excitateur
canaux cationiques activés par le glutamate excitateur
canaux Cl- activés par le GABA inhibiteur
canaux Cl- activés par la glycine inhibiteur

Les canaux cationiques sont excitateurs car leur ouverture entraîne un influx de cations et donc une dépolarisation, alors que l'activation des canaux  Cl- s'oppose à la dépolarisation.
 
 

Quel serait l’aspect d’une courbe IV d’un canal dépendant d’un agoniste, ou mécano sensible ?

Le courant global I est le produit du courant unitaire i, du nombre de canaux N et de la probabilité d’ouverture po. I = i.N.po

N est une constance ; i dépend du potentiel de manière linéaire.

Pour un canal dépendant du potentiel, po décrit, en fonction du potentiel, une sigmoïde. L’aspect de la courbe I(courant global)V résulte de la conjonction de ses deux paramètres, la courbe sigmoïde de po et la droite de i.

Pour un canal non dépendant du potentiel, po de dépend pas de V. En absence de stimulation (agoniste, variation de pression…), le courant sera nul, quel que soit le potentiel. En présence d’une stimulation, po prendra une valeur donnée, dépendante de l’intensité de la stimulation, mais indépendante du potentiel. La courbe IV sera alors une droite.

modélisation du fonctionnement du canal Cl- dépendant du Ca2+ dans les myocytes des voies aériennes.

Comment varie l’intensité du courant en fonction de la concentration cytosolique en calcium ?

L'intensité est nulle lorsque la concentration cytosolique en calcium est proche de la valeur de repos (100 nM), et elle augmente de manière sigmoïdale en fonction de l'élévation de la concentration en Ca2+.

Comment varie l’intensité du courant en fonction du potentiel de membrane ? pourquoi ?
L'intensité du courant, pour une valeur de concentration en calcium donnée, varie linéairement en fonction du potentiel. Cela signifie que la probabilité d'ouverture ne dépend pas du potentiel.

Est-il intéressant de faire des courbes IV sur des canaux indépendants du potentiel ?

L’intérêt des courbes IV sur des courants passant par des canaux indépendants du potentiel est de caractériser ces courants, par comparaison du potentiel d’inversion et du potentiel d’équilibre des ions éventuellement responsables du courant.


Etienne Roux            UFR SV                UB2
e-mail : etienne.roux@u-bordeaux2.fr
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